FOS SUR MER - FRANCE
2007
Le projet de construction de Cycofos Power Plant est la réalisation d’une unité de production d’électricité par cycle combiné. Dans le cadre de ce projet industriel, j’ai été en charge de la réalisation des ouvrages de génie civil de la ligne d’eau. La ligne d’eau comprend un ouvrage de franchissement de canal en conception-réalisation pour les conduites d’eau, un bâtiment d’exploitation pour l’alimentation électrique de la station de pompage, une station de pompage, un déversoir et un ouvrage de rejet en mer.
Cet ensemble d’ouvrages a pour fonction d’alimenter en eau le circuit de refroidissement des turbines de production d’électricité. En cycle aller, l’eau froide est pompée en mer via la station de pompage. En cycle retour de l’unité de production d’électricité, l’eau chaude est mélangée à de l’eau froide provenant également de la station de pompage dans le déversoir. Elle se déverse dans le canal et est rejetée à une vitesse limitée en traversant l’ouvrage de rejet en mer.
Ces ouvrages avaient été traités au forfait à partir de plans guides. Dans un tel contexte, la réalisation est relativement contrainte par les quantités à mettre en œuvre et, in fine, la complexité de la réalisation. Ces ouvrages sont appréhendés en phase commerciale sans tenir compte de la géotechnique et des phasages rendus de surcroît très complexes par la géométrie et le planning du marché.
Les ouvrages sont réalisés dans un environnement marin. Ils ont donc été réalisés à l’intérieur de parois d’enceintes étanches en palplanche. La station de pompage est un ouvrage de génie civil à plusieurs titres exceptionnels de par l’environnement des travaux, la complexité géométrique de l’ouvrage, la planification du branchement de la prise d’eau en mer et surtout l’instabilité durant toute la phase provisoire du batardeau et du génie civil.
La géologie du site a grandement orienté la réalisation des phasages de cet ouvrage. Le substratum rocheux ne permet pas de ficher les palplanches pour rendre l’enceinte étanche et de terrasser suffisamment en profondeur pour la réalisation d’un béton de lestage. L’enceinte provisoire était donc instable aux sous-pressions.
Cette donnée a conduit à revoir la méthodologie de réalisation du projet pour ce batardeau et l’organisation des travaux de génie civil. Un radier drainant et 9 cheminées de pompage permettent la circulation libre de la nappe d'eau sous le radier. Le fond de fouille est butonné par un béton immergé de 1,10 m d'épaisseur non stable aux sous-pressions et la partie supérieure des parois par un cadre de butonnage à – 4,00 m. Il fallait donc travailler en permanence en maintenant le pompage 24 h/24 h, du fait de l’impossibilité de stabiliser par lestage le fond du batardeau à l’aide de groupes électrogènes, compte tenu que cette zone du chantier n’avait pas été alimentée en électricité lors des installations de chantier.
Les études d’exécution réalisées en phase de conception (plan guide) ne prennent pas en compte les dispositions structurelles pour la stabilité de l’ouvrage de génie civil en phase provisoire. Le batardeau est quant à lui à concevoir dans son intégralité en phase de préparation par les équipes travaux. La station de pompage n’est donc pas stable durant les phases de construction, c’est-à-dire que les plans d’armatures transmis par la maitrise d’œuvre ne présentent pas une densité d’armature suffisante pour permettre la stabilité des voiles périphériques (encastrement entre le radier et les voiles insuffisants). La stabilité du batardeau lors des débutonnages est également rendue complexe par la gestion des interfaces avec la connexion de la prise d’eau en mer. Des armatures additionnelles sont mises en œuvre dans les voiles périphériques. Ils font fonction de liernes et un butonnage secondaire sur les ouvrages de génie civil est réalisé. Il permet le retrait des butons et liernes métalliques afin de poursuivre les élévations de la station de pompage.
Le planning est également contraint par la connexion des conduites de prise d’eau en mer sur le voile front de mer de la station de pompage. Elles sont à connecter à la station de pompage 4 mois après le démarrage des travaux. Ce jalon a été déterminant pour l’organisation des méthodes, la cinématique des assemblages d’armatures et donc les phases de coffrage. Car pour brancher les conduites de prises d’eau en mer, il faut ouvrir le batardeau en palplanche côté mer tout en continuant à réaliser le génie civil dans l’enceinte. L’ouverture du batardeau côté mer en phase de construction rendait le batardeau complètement instable puisque l’enceinte rectangulaire rigide devenait une enceinte en U. Le voile de génie civil construit en front de mer remplace le rideau de palplanche côté mer. La structure en béton complexe du voile front de mer est en contact avec les eaux pendant que les équipes continuent la construction de l’ouvrage.
GFC Construction (Bouygues Construction) a réalisé les études techniques (Romain VONDIERE), les méthodes et travaux pour assurer la stabilité des voiles de l’ouvrage en phase provisoire sous les directives du responsable de la ligne d’eau.
L’ensemble (tous les ouvrages) du Génie civil a été réalisé en un temps extrêmement court de 9 mois (incluant la période de préparation) grâce à une reprise de conception réfléchie, à une préparation exigeante et à une anticipation minutieuse de toutes les phases du processus de réalisation. La solidarité, la grande qualité des encadrants et des équipes de production ont permis la réussite de ce challenge initalement irréalisable dans ce délai.
Client
ALSTOM
Lieu
FOS SUR MER - ARCELOR
Date
2007
Caractéristique(s)
Unité de production d'Electricité par cycle combiné
Ouvrage de Génie Civil de la ligne d'eau
AMO : Ingérop Clermont-Ferrand
Entreprise : GFC CONSTRUCTION / DTP TERRASSEMENT / NEGRI
SAMT Les Armaturiers
Coût Global
35 M€ dont 9 M€ pour la ligne d'eau
Farid MERABET : Responsable du GC de la ligne d'eau